Cela m'agace

On est en train de crier haro sur le baudet, alors qu'il n'a rien fait de mal. Cela m'agace !

En ce moment, le baudet, ce sont certains  aéroports internationaux ouest européens.

Rendez-vous compte, ils ont oublié de regarder dans leur boule de cristal l'été dernier pour savoir que l'hiver serait particulièrement précose et sibérien. Comme ils n'ont pas regarder dans leur boule de cristal, ils ne savaient pas qu'à partir du 27 novembre l'europe de l'ouest "croulerait" sous la neige pour un mois complet.

Ils ont  donc fait leur stock de produits dégelant et autres  comme d'habitude pour un froid hivernal océanique habituel. C'est quoi un froid hivernal habituel à Londres ou à Paris ?

8 à 10 jours particulièrement froid fin novembre ou courant décembre amenant souvent 1 à 2 cm de neige qui ne tiennent pas beaucoup plus longtemps qu'un ou deux jours. Puis un redoux  dont les températures tournent entre 2° et 8° pendant un mois ou un mois et demi. Il est arrivé d'avoir de tel redoux qu'on pouvait manger en terrasse à Paris en février et puis le froid hivernal s'installait, le vrai qui pouvait faire descendre le thermomètre en dessous de - 10° permetttant ainsi à la couche de 5 cm de neige de rester pendant 10 à 15  jours puis de nouveau des températures entre 2 et 8° dans la journée, avec des gelées nocturnes ou matinales.

Voilà grosso-modo, les hivers parisiens entre 1985 et 2008. Les gestionnaires de ADP ont géré leur stock en fonction  de ce qu'ils connaissaient depuis plusieurs années et qui n' avaient jamais posé de problèmes.

Cette année 2010 est exceptionnelle. Dejà, l'hiver neigeux a été  inhabituellement très important en janvier février, puisque nous avons eu des chutes de neige régulièrement pendant 2 mois. Tous les 15 jours, on avait une chute de neige. ADP a retenu la leçon et a commandé en conséquence. Mais comme tout le monde, ils ne s'attendaient pas à avoir un épisode neigeux aussi important ( beaucoup plus important que lors d'un hiver habituel) et aussitôt à la fin de l'automne.  Ce qui a mis une certaine pagaille dans les aéroports et je n'aurai pas aimé être à la place des passagers.

Cependant, ce n'est  pas une raison pour  traiter d'incapable ADP comme s'ils avaient l'habitude de gérer des hivers comme à Stockholm, Helsinski, Montréal ou Moscou. Les médias en rajoutent une couche en particulier les chaines de télévisions, qui sont indignés du sort de ces pauvres passagers et l'on traite de tous les noms d'oiseaux les responsables des aéroports. Résultat, le français lambda s'offusque de l'incompétence de ADP et du sort des  pauvres passagers mal accueillis sans même réfléchir à l'exceptionnalité de la situation.

Un aéroport est un lieu de passage et n'a pas fonction  d'héberger des gens. A mon avis , il n'est pas de leur ressort de prévoir des milliers de lits pour les passagers en attente. Mais les pouvoirs publics auraient pu réagir , non pas en criant "haro" sur le baudet, mais en proposant des solutions pour aider cette entreprise mise en difficulté par les conditions météorologiques exceptionnelles en France et les passagers "maltraités" par la situation inhabituelle . Vous allez voir si ça continue, on va accuser ADP et son homologue britannique d'avoir pris les passagers en "otage"..... pour utiliser un mot à la mode souvent galvauder et pas du tout utiliser à bon escient.

Ce qui m'agace c'est que l'on n' essaye  pas de tempérer les sensations et les émotions que l'on  a vis-à-vis de cette situation exceptionellement inhabituelle parce qu'il faut faire du sensationnel et transformer les français en veaux (pour reprendre l'expression  du général de Gaulle).