Destruction de l'Ecole de la République

21 février 2009

Destruction de l'Ecole de la République

J’ai appris à lire, écrire (même si je fais des fautes) et compter (même s’il me faut du temps ) grâce aux écoles primaire et secondaire régie par l’Education Nationale. J’ai appris à lire, écrire, compter comme beaucoup d’autres personnes en France grâce à l’école de la République. Beaucoup ont appris dans des écoles, collèges et lycées privés, mais beaucoup plus ont appris dans les écoles de l’Etat.

Mais il semblerait que beaucoup oublient ce que ces écoles leur ont apporté grâce à un Monsieur Jules Ferry et une loi de 1881. Même si effectivement l’institution est lourde et souvent injuste, elle a quand même donné les bases de ce qu’à pu devenir à un moment ou à un autre notre vie professionnelle. J’ai pu ainsi travailler dans le privé grâce aux diplômes que la dit-institution m’a délivré, avant de devenir enseignante.

Etant enseignante dans le primaire, les propos suivants concernent surtout cette partie-là de l’EN.

Depuis quelques années, on assiste au sapement du "Mammouth" comme certains l’appellent. Ce sapement a commencé par l’extérieur en remettant en cause, auprès des parents, les membres de l’EN et leur travail,. On nous a traité de "preneurs d’otage" quand on faisait grève (quelle ineptie !), ceux qui sont extérieurs à l’EN, ce sont empressés d’adopter ce terme tout à fait impropre à la situation. On nous traite de fainéant parce qu’on bénéficie des vacances des enfants.... Sans commentaire pour l’instant

Maintenant on sape le "Mammouth" de l’intérieur tout en continuant une propagande médiatique télévisuelle anti-Education-Nationale.

Comment sape-ton le système de l’intérieur ? En faisant passer des lois incomplètes qui changent le rythme scolaire des enfants sans s’occuper de savoir quels en seront les conséquences autant pour les collectivités territoriales qui sont responsables des bâtiments et que pour les adultes qui encadrent les enfants d’une manière ou d’une autre (que ce soient les enseignants, les femmes et hommes de ménage, les surveillants de cantine et les femmes de services des cantines).

On réduit le temps de travail des enfants du primaire, mais pas celui des enseignants. Aucune directive précise n’est donné pour savoir comment organiser précisément le temps de travail dû à l’état, ce qui a pour but de déstabiliser les équipes éducatives entre elles. L’organisation du temps de travail dû est laissé au libre arbitre des enseignants et des mairies.... sauf que les intérêts des uns ne concordent pas avec les intérêts des autres. (Les heures dues pour les enseignants sont appelées "aide personnalisée" ). Sans parler de l’intérêt des enfants qui ne s’y retrouvent pas dans ces désaccords... Ainsi certains élèves voient leur journée augmentée de 30 à 40 min par jour car les mairies imposent les heures de présence possibles dans les locaux . Ce sont les enfants les plus fatigables et les plus réfractaires au système scolaire qui sont concernés par cette aide personnalisée et qui voient donc leur temps de présence à l’école augmentée de façon inconsidérée. Certaines mairies acceptent que l’aide se fasse le mercredi , mais beaucoup si ce n’est la grande majorité le refuse. C’est comme chacun le sent. Certaines mairies interdisent le mercredi et le soir, d’autres interdisent le midi et le matin. Bref, c’est la pagaille organisée pour déstabiliser le système.

La pagaille organisée autour des aides personnalisée n’est qu’un petit bout de la déstabilisation de l’école primaire. Il ne faut surtout pas oublier la suppression prévue puis revue des RASED. Les RASED sont des réseaux d’enseignants spécialisés ayant reçu une formation particulière d’au moins un an pour apprendre à gérer les enfants en difficultés d’apprentissage. Ces enseignants tournent sur plusieurs écoles et viennent aider les enseignants non spécialisés quand ceux-ci ont dans leur classe des élèves en grande voire en très grande difficulté scolaire. Il arrive que les dits-enseignants non spécialisés ne sont plus compétents et ne savent pas comment faire avec certains enfants pour les faire avancer dans leurs apprentissage scolaire et leur apprendre à être élève.

Déjà, il y a plusieurs années, les classes de perfectionnement dans lesquelles on trouvait ces enfants-là, ont disparu. Les enseignants de ces classes étaient souvent ces même- enseignants ayant reçu une formation spéciale qui sont maintenant en RASED. Les enfants des classes de perfectionnement se retrouvent maintenant dans les classes banalisées avec tous les autres élèves. Si certains arrivent à apprendre à être élève beaucoup, hélas, non pas encore compris cet enjeu-là et ils ont besoin de se retrouver très tôt dans leur éducation avec un adulte qui va savoir les rassurer et leur montrer" le chemin du savoir". Ainsi donc, la suppression des RASED est une aberration, car elle condamne nombre d’enfants à l’échec définitif.

Il est prévu que ces enseignants réintègrent les classes normales qu’ils gèrent leurs propres élèves en difficultés et qu’en plus ils aident leurs collègues qui ont des difficultés avec certains élèves. ...... Sans commentaire... On sape l’école primaire par l’intérieur...

On sape donc les écoles de la République par l’intérieur et on continue de les miner par l’extérieur et en apportant des éléments de réflexion au peuple français par la voie de la télévision. Des documentaires ou des reportages dont le but est de dénigrer l’image de l’institution et de ses membres sont passés par certaines chaînes de télévision à heure de grande écoute. On s’ingénie à montrer des cas exceptionnels de "brebis galeuses" en les faisant passer comme un cas général pour l’ensemble du corps professoral . Les gens dans leur bonne foi pensent que ce qu’ils voient et entendent est vrai. Des braves gens qui pourtant admettent que, "jamais, au grand jamais", il ne pourrait faire ce métier d’ enseignant en admirant ceux qui le font, commencent à crier "Haro sur le baudet" . Cela s’appelle de la propagande. Certains européens n’ont pas fait mieux pour d’autres catégories de personnes, il y a 75 ans.